L'automne des chansons populaires

État de la question
Il faut se rendre compte qu'il y a longtemps que la musique populaire a cessé de s'exercer selon ses modes traditionnels de manifestation. De multiples facteurs —pour exemple, la scolarisation, l'industrialisation, le développement d'une « culture » issue des moyens de communication modernes (journaux, radios, chaînes de télévisions, …), l'urbanisation, …— ont considérablement changé les conditions de vie du « peuple » (ainsi qu'on a coutume d'identifier l'auteur en tant que dépositaire du répertoire populaire) mais aussi ses centres d'intérêt, sa mentalité. Il est significatif (et piquant) de remarquer que, munis aujourd'hui des moyens les plus sophistiqués de transmission (livres, cd, vidéos), nous ne chantons plus guère de chansons à nos enfants alors que, pendant des siècles, la tradition a maintenu un important corpus de légendes et chansons sans l'aide de l'écrit mais avec la seule mémorisation.


Approche personnelle
Comme on le verra dans l'historique [lien ci-contre dans Articles], l'histoire de l'étude de nos chansons traditionnelles est des plus disparates. De nombreuses personnes, de spécialités très diverses et avec des compétences variées, se sont occupées de chansons traditionnelles. Pour les plus spécialisés, notamment Roger PINON, ce fut habituellement en référence au texte.
Particulièrement, les classements, groupements par chapitres ou par thématiques, se réfèrent souvent au texte des chants. Il en fut de même pour l'établissement de lignages —pour ceux qui se lançaient dans la généalogie de ces chansons soit pour de simples rapprochements soit pour retrouver d'hypothétiques archétypes autrement appelés antécédents. Ne désirant pas ici me livrer à une critique pointue de ce type de démarche, j'ai toujours regretté que n'interviennent que rarement des éléments musicaux. Or, pour donner un exemple simple illustrant mes propos, on peut dire qu'une étude de la modalité peut aussi donner une [très] relative datation à des chansons. Très relative, disons « récente, ancienne, très ancienne », mais tout de même intéressante. Ainsi aussi, comme BRAILOIU l'a magistralement montré, des structures rythmiques (dans Le rythme enfantin) ou mélodiques (dans Sur une mélodie russe) peuvent amener à la découverte de strates très caractéristiques qui conduisent très loin des conclusions suscitées par une étude sur la base du texte seul.
Ces recherches de types littéraire ou linguistique, ou s'attachant aux structures poétiques (strophes, assonances, etc.), ont leur intérêt particulier et ont eu aussi, à tout le moins, le mérite de sauver du naufrage de très nombreux chants qui, sinon, auraient disparu à jamais. Mais on peut être en reste et ma préoccupation serait de défricher le répertoire traditionnel de Wallonie dans l'espoir d'en dégager les grandes lignes musicales, dignes d'intérêt et, certainement, fructueuses à plus d'un point de vue : apport à l'ethnomusicologie internationale, identité culturelle, répertoire original à l'intention d'interprêtes variés, répertoires pour les pédagogues, …


Établir un «corpus» des chansons traditionnelles de Wallonie
On peut dire que la situation en France n'est guère différente malgré certains essais de synthèse. Je pense principalement aux travaux de Patrice COIRAULT, de Julien TIERSOT, de Henri DAVENSON, … qui s'attachent surtout à l'aspect textuel, ou à l'Anthologie des chants populaires français de Joseph CANTELOUBE. Les courants actuels, s'ils relancent la pratique du répertoire traditionnel, n'ont pas vraiment débouché sur une analyse des musiques à visée anthropologique. Peu de mise en perspective des musiques sinon, à l'état d'ébauche avec l'optique de la pédagogue, dans Un chemin pédagogique en passant par les chansons de Jacquotte RIBIÈRE-RAVERLAT.

Si je cite la situation en France, c'est que le répertoire retrouvé en Wallonie y est rattaché. Il s'agit pour l'essentiel, des mêmes thèmes littéraires, voire mélodiques ; en tous cas de facture proche.

Mais aucune étude sérieuse ne peut faire l'impasse sur l'établissement d'un corpus digne de ce nom. Corpus, car, actuellement, n'existe qu'une myriade de documents les plus divers, dans des notations très disparates : cela comporte des publications assez homogènes et de qualité (en petit nombre), des plaquettes locales, des articles avec quelques notations, une quinzaine de volumes de la Commission de folklore, des fonds divers en notation manuscrite sur feuilles volantes ou en photocopies, … Digne de ce nom car il faudrait constituer une documentation accessible et qui soit réalisée selon des critères stricts et homogènes permettant la comparaison à différents points de vue : schémas rythmiques et mélodiques, gammes, cadences mélodiques, structures des textes, origines des notations (informateurs, notateurs, origine géographique) et fonction.

C'est seulement à ce prix que l'on pourra entamer un travail sérieux sur le matériau musical. Un début de réponse peut être trouvé dans le site que je viens d'ouvrir sur internet. [Utilisez Corpus dans Contacts-Liens ci-contre.] Ce site n'en est encore qu'au début de son élaboration.

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