COLLECTES DE CHANSONS EN WALLONIE

Cette section a pour but de vous présenter diverses informations, descriptions, documents qui concernent le collectage des chansons traditionnelles. Ceci en visant avant tout la Wallonie mais aussi d'autres lieux tels que la Hongrie car, en Wallonie, le collectage a été très limité et les renseignements sur la manière dont il s'est déroulé font souvent cruellement défaut.

Si je mentionne la Hongrie, c'est que le collectage initié par Bartók et Kodály puis poursuivi avec toute une équipe de collecteurs est un des plus remarquables et peut, dès lors, servir de modèle et de point de comparaison idéal pour apprécier le travail accompli chez nous, évaluer nos documents, voire les adapter ou les rectifier à chaque phase du collectage —collectage, transcription, analyse, publication— chaque fois que c'est possible.

L'expérience hongroise nous a aussi laissé une riche documentation iconographique et des témoignages multiples rapportés notamment par Bartók et sans doute peu connus dans les pays francophones. Dès lors, il me semble que des éléments de cette documentation éclaireront nos propos.

Collecte de chansons par Bartók (1908 - au phonographe, sur des cylindres en cire)

Même si les collectages de Kodàly et surtout Bartók répondaient au départ [1905-1907], comme on ne le sait peut-être pas assez, à des motivations relativement terre-à-terre telles que la manière de se démarquer de l'héritage de la musique romantique allemande -la Hongrie vivait sous la coupe de l'Autriche-, ou la recherche de nouvelles voies musicales au large de la tonalité, ils ont rapidement évolué vers un travail éminemment scientifique. Bartók particulièrement a sans cesse amélioré -par rapport à ses débuts- la manière de noter et de nombreux détails de celle-ci. Par exemple en recourant à des écouteurs pour transcrire ses disques de cire ou encore en prenant conscience de réalités musicales ignorées jusque là telles que la pentatonie ou les rythmes dits bulgares ».

On pourrait d'ailleurs déduire des constatations qui précèdent une sorte de règle pour la pratique: aucun collectage n'est innocent» et disposer d'une documentation peut donner des pistes de recherche sans que cela, bien sûr, ne fausse la qualité scientifique de la démarche. Une autre formulation de cette idée serait qu'on ne trouve bien que ce que l'on pressent même si, dans toute recherche, une part des découvertes vient de données surprenantes, inattendues, qui par la suite viendront s'inscrire dans de nouveaux schémas de pensée, de nouvelles perspectives scientifiques insoupçonnées.

Pour la province de Luxembourg aussi, c’est Wallonia » qui reste la source principale ; il faut ajouter Edouard Liégeois avec son Glossaire du patois gaumet, que publia la Société de Littérature Wallonne (1897 et 1901), Emile Tandel dans ses Communes luxembourgeoises (1889-1894), (lequel nota d’ailleurs la première maclote » et les premiers trimazos »), C. Maus, qui enquêta aussi sur les trimazos ou chants de mai lorrains, Lucien Roger, qui ne réunit que des textes (dans les Annales de l’Institut archéologique du Luxembourg », 1913). J’ai donné, en juin 1949, au Journal des Poètes », une synthèse de la chanson folklorique luxembourgeoise.

Dans la capitale, il ne collabora guère au mouvement : les belles chansons que publia Le Petit Bleu », journal quotidien de la capitale, sont surtout hennuyères et namuroises, et c’est à une flamande, Mme Laura Betaille-Hiel, fille du poète flamingant Emmanuel Hiel et elle-même auteur de plusieurs recueils de chansons flamandes, que l’on doit un recueil inédit de chansons bruxelloises en français, avec leurs notations musicales. Depuis, il faut ajouter les chansons d’étudiants de l’U.L.B., publiées en volumes sous le titre Les Fleurs du Mâle, auquel font chorus à Liège Le Bitu Magnifique et sans doute quelque recueil analogue à Louvain. Ce sont les étudiants de cette université qui firent paraître en 1901 le Chansonnier (bilingue) des Étudiants belges, qui est un bon recueil documentaire, sur la chanson populaire à l’époque, dont une partie seulement est folklorique, ainsi qu’il faut le souligner pour tous les recueils estudiantins. On ne peut entièrement négliger les Souvenirs d’un Bruxellois sur les Chansons entendues dans les rues et les estaminets de la ville, 1890-1950, par P. H. E. D’Archambeau, bien que ce livre voisine plutôt au folklore qu’il ne lui appartient.

C’est Wallonia » qui reste la source principale ; il faut ajouter Edouard Liégeois avec son Glossaire du patois gaumet, Emile Tandel dans ses Communes luxembourgeoises (1889-1894), (lequel nota d’ailleurs la première maclote » et les premiers trimazos »), C. Maus, qui enquêta aussi sur les trimazos ou chants de mai lorrains, Lucien Roger, qui ne réunit que des textes (dans les Annales de l’Institut archéologique du Luxembourg », 1913), et Louis Banneux, dans de nombreuses publications.

Octave Grillaert de Nivelles, continue sur cette lancée, et Arille Wasterlain, de Godarville, avec Marcel Vansippe pour la musique, resté plus près de la tradition vraie dans El Tirâdge au Sôrt (Binche, 1936), n’hésite pas à récrire la chanson de Djan Lariguète ». Cette même année à Ath, Léon Jouret publiait un recueil très surfait, dont le succès auprès des pédagogues dure encore, les Chansons du Pays d’Ath, dont Ernest Closson remarquait déjà que seules les mélodies ont quelque chance d’être authentiques, les paroles ayant été recomposées par G. Antheunis et G. Lagye.

Quant à Bruxelles, il ne collabora guère au mouvement : les belles chansons que publia Le Petit Bleu », journal quotidien de la capitale, sont surtout hennuyères et namuroises, et c’est à une flamande, Mme Laura Betaille-Hiel, fille du poète flamingant Emmanuel Hiel et elle-même auteur de plusieurs recueils de chansons flamandes, que l’on doit un recueil inédit de chansons bruxelloises en français, avec leurs notations musicales. Depuis, il faut ajouter les chansons d’étudiants de l’U.L.B., publiées en volumes sous le titre Les Fleurs du Mâle, auquel font chorus à Liège Le Bitu Magnifique et sans doute quelque recueil analogue à Louvain. Ce sont les étudiants de cette université qui firent paraître en 1901 le Chansonnier (bilingue) des Étudiants belges, qui est un bon recueil documentaire, sur la chanson populaire à l’époque, dont une partie seulement est folklorique, ainsi qu’il faut le souligner pour tous les recueils estudiantins. On ne peut entièrement négliger les Souvenirs d’un Bruxellois sur les Chansons entendues dans les rues et les estaminets de la ville, 1890-1950, par P. H. E. D’Archambeau, bien que ce livre voisine plutôt au folklore qu’il ne lui appartient.

Pour la belle province aussi, c’est Wallonia » qui reste la source principale ; il faut ajouter Edouard Liégeois avec son Glossaire du patois gaumet, que publia la Société de Littérature Wallonne (1897 et 1901), Emile Tandel dans ses Communes luxembourgeoises (1889-1894), (lequel nota d’ailleurs la première maclote » et les premiers trimazos »), C. Maus, qui enquêta aussi sur les trimazos ou chants de mai lorrains, Lucien Roger, qui ne réunit que des textes (dans les Annales de l’Institut archéologique du Luxembourg », 1913), et Louis Banneux, dans de nombreuses publications. J’ai donné, en juin 1949, au Journal des Poètes », une synthèse de la chanson folklorique luxembourgeoise.

Le Brabant eut tardivement un noyau de chercheurs indépendants, autour du Folklore Brabançon » (1921 à aujourd’hui) et du Guetteur Wallon » (1924 à nos jours). En Hainaut s’esquissa une tradition en partie orientée vers Paris avec Jules Lemoine, Alfred Harou et Aymé Demeuldre, en partie aussi sous l’impulsion d’A. Desrousseaux, de Lille, dont l’influence fut durable, puisqu’aussi bien elle s’exerce encore sur le folkloriste mouscronnois Léon Maes (lequel fut aidé pour l’enquête et la transcription des mélodies par Roger Pinon et Maurice Vaisière) par l’intermédiaire de son bon recueil documentaire sur les Moeurs populaires de la Flandre française.

Cette même année à Ath, Léon Jouret publiait un recueil très surfait, les Chansons du Pays d’Ath, dont Ernest Closson remarquait déjà que seules les mélodies ont quelque chance d’être authentiques, les paroles ayant été recomposées par G. Antheunis et G. Lagye. La collection en est élargie selon une tendance pédagogique plus marquée dans Les Chants de l’École et de l’Atelier, deux recueils non datés spécialement destinés aux Écoles de la Ville de Bruxelles ». Même formule pour Géo Delcampe, de Thumaide, dans sa brochure La Wallonie en fête, recueil folklorique [sic!] de chansons et de vieux airs wallons avec paroles nouvelles … qui parut vers l’époque de la Libération. Par contre José Christus, Octave Grillaert et Mlle Ambrosiny, dans leur Danses Wallonnes (1943, Montignies-sur-Sambre), adaptent traductions et chorégraphies de leur cru à un cramignon liégeois de Nicolas Defrecheux, à un rondeau binchois, à la Marie-Doudouille brabançonne, à l’escouvion borain et à un passe-pied ardennais, et ce pour que les petits Wallons chantent les chants de leur pays ».

Octave Grillaert de Nivelles, continue sur cette lancée, et Arille Wasterlain, de Godarville, avec Marcel Vansippe pour la musique, resté plus près de la tradition vraie dans El Tirâdge au Sôrt (Binche, 1936), n’hésite pas à récrire la chanson de Djan Lariguète ».

Au pays de Hoûtsiploût, c’est surtout Louis L'Mouchon qui fut le collecteur de chansons par excellence : collaborateur sérieux et assidu de Wallonia », sa récolte est importante et vaut surtout pour Namur et Stave, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. II faut la compléter par de nombreuses formulettes et des petits airs publiés dans Li Marmite », journal dialectal que Louis Loiseau dirigea longtemps d’ailleurs et qui paraissait chez Godenne à Malines. On glanera aussi dans Li Couarneu », journal dialectal publié à Namur, qui donna notamment, en 1907, une excellente enquête de Me Arille Carlier sur un débat namurois célèbre, En revenant de la guerre ». Le rôle de ces journaux est aujourd’hui relayé par la page wallonne Chîjes et Pasquèyes » du quotidien namurois Vers l’Avenir », qui publie assez souvent des chansons dialectales traditionnelles, parfois même avec leurs mélodies.

On trouve, en outre, des formulettes dans Fernand Danhaive, Moeurs et Spots du Terroir de Namur-Nord, qui date de 1925, et dans Joseph Thys, Comment vivaient nos Grands-Parents, Bierwart, village de la Hesbaye Namuroise (1800-1840), qui est de 1934. La recherche au pays de Namur s’organise autour de la Société Sambre-et-Meuse et du Guetteur Wallon », avec E. Dave et F. Danhaive comme chefs de file. Ce fut le premier qui publia une intéressante étude documentaire sur Le tirage au sort en 1934. Il fut suivi dans cette voie par Arthur Noël sur Le tirage au sort au pays de Charleroi dans la Wallonie Nouvelle » et par Henri Pétrez dans Fleûru dins m’vikérîye, qui parut en 1962 mais reprend un article des Cahiers Wallons » de 1949, sans oublier Le tirage au sort de Ch. Clocherieux, paru en 1959 et valable pour la botte du Hainaut. En 1960, le volume IIA des Notes aux Chansons populaires de l’Ancien Hainaut contenait 77 pages sur le même sujet. Le Guetteur Wallon » donna vers 1935, d’Alexis Colart, une bonne collection de formulettes de jeux, malheureusement sans la notation de leurs mélodies et sans toujours les localiser avec précision.